L'Italie : Une Plaque Tournante Inattendue du Marché des Logiciels Espions
L'Italie s'est positionnée comme l'un des trois principaux centres mondiaux de développement de logiciels espions, aux côtés d'Israël et de l'Inde, avec un écosystème unique remontant à 1992 et l'émergence de RCS Labs. Le pays abrite actuellement six fournisseurs majeurs de logiciels espions et de nombreuses entreprises plus petites, opérant dans un environnement caractérisé par une surveillance limitée et des prix particulièrement accessibles. Les autorités italiennes peuvent louer ces technologies pour seulement 150€ par jour, ce qui a conduit à une utilisation massive par les forces de l'ordre locales, dépassant largement celle observée dans d'autres pays européens.
Une nouvelle législation, prenant effet en février 2024, vise à mieux encadrer l'utilisation de ces technologies, notamment en exigeant une évaluation indépendante par un juge d'instruction pour chaque déploiement. Le marché italien se distingue par des solutions moins sophistiquées que celles proposées par des entreprises comme NSO Group, nécessitant généralement une action de l'utilisateur pour l'installation, mais offrant néanmoins des capacités de surveillance comparables une fois déployées. L'absence d'une autorité centrale de contrôle et la facilité d'obtention des autorisations au niveau local ont contribué à la prolifération de ces technologies sur le territoire italien.
Cette situation a également favorisé l'exportation de ces technologies vers d'autres pays, notamment en raison d'une réglementation peu contraignante sur les exportations. Les récentes réformes législatives pourraient paradoxalement renforcer cet écosystème en lui conférant une légitimité accrue, selon certains experts comme Stefano Quintarelli, ancien membre du Parlement italien. L'impact de ces technologies s'étend bien au-delà des frontières italiennes, comme en témoigne leur utilisation documentée dans des pays tels que le Kazakhstan, la Syrie et plusieurs autres nations, soulevant des préoccupations croissantes concernant la surveillance numérique à l'échelle mondiale.
Source : The Cyber Post